Paysagiste, peintre d'histoire
aquarelliste du pays niçois 1810-1876
Par Philippe Ancelin
Commissaire-priseur
Président de Drouot Estimations
Renouer les fils de la mémoire picturale et photographique du Comté de Nice telle est la tâche à laquelle s’est attelée depuis plusieurs années l’Acadèmia Nissarda avec la précision et le talent que nous lui connaissons.
Cette monographie sur Jacques Guiaud en est un nouveau et superbe chapitre.
Artiste peu connu du grand public, issu d’une famille de comédiens, né à Chambéry en 1810 et mort à Paris en 1876, il connaît entre 1847 et 1860 une parenthèse niçoise éclatante. Quittant Paris où il a déjà fait carrière, il trouve soutien et notoriété auprès de la riche clientèle hivernale....
Que dire de ces treize années ? Sa vision d’une nature calme et apaisée se chauffe sous l’éclat de la lumière méditerranéenne et il y met à profit une expérience de peintre voyageur habitué à croquer le motif sur le vif avant de le retravailler ensuite dans l’atelier.
Jamais il ne sera aussi élégant et synthétique que sur cette côte bientôt dite « d’Azur ».
Là dans ses compositions s’unissent un goût pour l’architecture et la vision d’une nature sereine.
Il s’en dégage une harmonie heureuse, une sensation de temps suspendu, un charme que le temps et l’histoire ont transformé en émerveillement.
Nice, ses environs pas encore rattachés à la France, étaient donc ce vaste jardin où les bâtiments n’offraient qu’un élégant contrepoint à une végétation luxuriante.
Les œuvres de Jacques Guiaud témoignent de ce moment précis, d’un exact point d’équilibre où les prémices d’un tourisme international n’ont encore qu’à peine entamé la somptueuse beauté des lieux.
Mais nous ne saurions réduire le parcours de l’artiste à ce moment si brillant soit-il.
C’est aussi une belle histoire qui nous est contée là, un destin d’artiste bien rempli qui traverse les turbulences du siècle et qui se déploie sous différents régimes politiques dont les contingences et les nécessités passent par les aléas de la commande officielle et des distinctions aux Salons.
Il y a dans cette œuvre qui se tient à l’abri des révolutions picturales de l’époque un goût du travail bien fait, un sérieux et un sens de la mesure que vient irriguer une spontanéité maîtrisée.
Doté d’une solide formation et nouant des amitiés fidèles parmi ses contemporains, il mène une carrière d’une richesse insoupçonnée et d’une durée non négligeable, exposant durant plus de quarante ans au Salon, la première fois en 1831 à l’âge de 21 ans et jusqu’à sa mort en 1876 peu de temps avant la manifestation.
Engagé parmi de nombreux artistes par le baron Taylor, il réalise des illustrations pour Les voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, il est également un brillant lithographe dans les images qu’il donne notamment pour la revue Le Tour du Monde.
Participant aussi à de vastes chantiers comme celui du musée de l’histoire de France voulu par LouisPhilippe à Versailles ou comme la restauration de la galerie des cerfs à Fontainebleau voulue par Napoléon III, il sait se fondre dans les programmes artistiques initiés par le pouvoir en place.
Si les médaillons qu’il peint, les fresques qu’il reconstitue font de lui un peintre de l’Histoire, il porte aussi un regard, avec succès d’ailleurs, sur des événements contemporains à des fins parfois non dénuées d’arrières pensées commerciales. Retour des cendres de Napoléon, inaugurations de statues sont autant de sujets fédérateurs et de communion qu’il traite avec précision et un grand sens de l’observation.
Il en est de même dans sa série d’œuvres sur le siège de Paris où il fait un travail de reportage en restituant avec force les difficultés du temps et la fin d’un monde.
Ce qui frappe dans son œuvre c’est un sens de la composition ainsi qu’une fusion habile entre le sujet représenté et son environnement.
L’architecture, le paysage et le ciel surtout sont autant d’éléments qu’il articule avec habileté et une délicatesse étonnante même dans les sujets les plus difficiles. La surface peinte caresse l’œil sans heurt et un plaisir se diffuse.
Il y a eu sans doute beaucoup d’étude, de travail et d’expérience pour parvenir à un tel résultat.
Si comme l’a écrit Paul Cézanne « Peindre d’après nature, ce n’est pas copier l’objectif, c’est réaliser ses sensations » Jacques Guiaud n’a-t-il su, quelque part en dépit de son classicisme devancer avec grâce dans son œuvre cet illustre successeur ?
Les articles et illustrations de l'ouvrage sont protégés par copyright. Les œuvres représentées sont autorisées uniquement pour l'ouvrage et le présent site internet. Pour toutes questions contacter l'Acadèmia Nissarda.
Par Philippe Ancelin
Commissaire-priseur
Président de Drouot Estimations
Renouer les fils de la mémoire picturale et photographique du Comté de Nice telle est la tâche à laquelle s’est attelée depuis plusieurs années l’Acadèmia Nissarda avec la précision et le talent que nous lui connaissons.
Cette monographie sur Jacques Guiaud en est un nouveau et superbe chapitre.
Artiste peu connu du grand public, issu d’une famille de comédiens, né à Chambéry en 1810 et mort à Paris en 1876, il connaît entre 1847 et 1860 une parenthèse niçoise éclatante. Quittant Paris où il a déjà fait carrière, il trouve soutien et notoriété auprès de la riche clientèle hivernale....
Que dire de ces treize années ? Sa vision d’une nature calme et apaisée se chauffe sous l’éclat de la lumière méditerranéenne et il y met à profit une expérience de peintre voyageur habitué à croquer le motif sur le vif avant de le retravailler ensuite dans l’atelier.
Jamais il ne sera aussi élégant et synthétique que sur cette côte bientôt dite « d’Azur ».
Là dans ses compositions s’unissent un goût pour l’architecture et la vision d’une nature sereine.
Il s’en dégage une harmonie heureuse, une sensation de temps suspendu, un charme que le temps et l’histoire ont transformé en émerveillement.
Nice, ses environs pas encore rattachés à la France, étaient donc ce vaste jardin où les bâtiments n’offraient qu’un élégant contrepoint à une végétation luxuriante.
Les œuvres de Jacques Guiaud témoignent de ce moment précis, d’un exact point d’équilibre où les prémices d’un tourisme international n’ont encore qu’à peine entamé la somptueuse beauté des lieux.
Mais nous ne saurions réduire le parcours de l’artiste à ce moment si brillant soit-il.
C’est aussi une belle histoire qui nous est contée là, un destin d’artiste bien rempli qui traverse les turbulences du siècle et qui se déploie sous différents régimes politiques dont les contingences et les nécessités passent par les aléas de la commande officielle et des distinctions aux Salons.
Il y a dans cette œuvre qui se tient à l’abri des révolutions picturales de l’époque un goût du travail bien fait, un sérieux et un sens de la mesure que vient irriguer une spontanéité maîtrisée.
Doté d’une solide formation et nouant des amitiés fidèles parmi ses contemporains, il mène une carrière d’une richesse insoupçonnée et d’une durée non négligeable, exposant durant plus de quarante ans au Salon, la première fois en 1831 à l’âge de 21 ans et jusqu’à sa mort en 1876 peu de temps avant la manifestation.
Engagé parmi de nombreux artistes par le baron Taylor, il réalise des illustrations pour Les voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, il est également un brillant lithographe dans les images qu’il donne notamment pour la revue Le Tour du Monde.
Participant aussi à de vastes chantiers comme celui du musée de l’histoire de France voulu par LouisPhilippe à Versailles ou comme la restauration de la galerie des cerfs à Fontainebleau voulue par Napoléon III, il sait se fondre dans les programmes artistiques initiés par le pouvoir en place.
Si les médaillons qu’il peint, les fresques qu’il reconstitue font de lui un peintre de l’Histoire, il porte aussi un regard, avec succès d’ailleurs, sur des événements contemporains à des fins parfois non dénuées d’arrières pensées commerciales. Retour des cendres de Napoléon, inaugurations de statues sont autant de sujets fédérateurs et de communion qu’il traite avec précision et un grand sens de l’observation.
Il en est de même dans sa série d’œuvres sur le siège de Paris où il fait un travail de reportage en restituant avec force les difficultés du temps et la fin d’un monde.
Ce qui frappe dans son œuvre c’est un sens de la composition ainsi qu’une fusion habile entre le sujet représenté et son environnement.
L’architecture, le paysage et le ciel surtout sont autant d’éléments qu’il articule avec habileté et une délicatesse étonnante même dans les sujets les plus difficiles. La surface peinte caresse l’œil sans heurt et un plaisir se diffuse.
Il y a eu sans doute beaucoup d’étude, de travail et d’expérience pour parvenir à un tel résultat.
Si comme l’a écrit Paul Cézanne « Peindre d’après nature, ce n’est pas copier l’objectif, c’est réaliser ses sensations » Jacques Guiaud n’a-t-il su, quelque part en dépit de son classicisme devancer avec grâce dans son œuvre cet illustre successeur ?
Les articles et illustrations de l'ouvrage sont protégés par copyright. Les œuvres représentées sont autorisées uniquement pour l'ouvrage et le présent site internet. Pour toutes questions contacter l'Acadèmia Nissarda.